Man Gisèle

MAN GISELE

DANSE -THEATRE-MARIONNETTE

JEUNE PUBLIC (3 à 10 ans) & FAMILIAL- INTERGENERATIONNEL

 

Mise en scène & Chorégraphie: Jean l’Océan

Artiste-Interprète : Laurence Couzinet-Letchimy

Regard extérieur : Catherine Bourgeois

Co-production: Korzémo

Durée: 35 minutes 

 Dossier à télécharger: Man Gisèle Cie Car'Avan

 

LE MOT DE MAN GISELE

J’imaginais toutes sortes de choses quand ça toquait à la porte de ma maison. Comme j’avais peur, je me cachais et faisais semblant de ne pas être là. Bien sûr, je disais haut et fort que j’étais très bien comme ça!

Mais à la vérité, je tournais en rond, toute seule entre mes 4 murs. Et c’était comme si je cherchais quelque chose, sans trop savoir quoi, d’ailleurs!

Un jour, il m’est venu une idée. D’où venait-elle?… Je ne saurai trop vous dire. Et je me demandais bien à quoi elle allait me servir. Mais bon, je m’en suis occupée et avec elle, petit à petit, je me sentais bien.

Evidemment, elle a fini par prendre ses aises! Et pour tout vous dire, elle me cassait la tête de mille questions sitôt que ça frappait à la porte. J’avais beau lui rétorquer que ce n’était pas ses oignons, elle ne me laissait pas de répit avec sa manie de toujours voir les choses autrement! Si bien qu’un jour, ….

NOTE D’INTENTION

Le personnage de « Man Gisèle » est craintif et se complait dans la sécûrité de son nid douillet. Pourtant, Man Gisèle pressent confusément que son isolement est la cause de son mal-être diffus. Paradoxalement – « grâce » ou « à cause » de cet isolement – la volonté de Man Gisèle s’emploie à trouver une solution. Pour contrer son ennui et déjouer la douce folie de l’enfermement qui la menace, elle s’aventure au hasard de ce qui lui tombe sous la main et, déploie sa fantaisie et sa créativité… Jusqu’à transformer son balai en personnage et à entretenir avec lui une relation. Cet ami imaginaire tient compagnie à Man Gisèle et fait office de « petite voix intérieure » qui, n’hésitant pas à la bousculer dans ses retranchements, la guide vers son émancipation.

« Il n’y a aucune réalisation qui n’ait pas été un rêve » – Einstein –

« Cette petite voix intérieure » n’est rien d’autre que l’émanation d’une idée, cette « chose » qui nous trotte dans la tête, nous affecte intimement et peut s’avérer si créatrice et puissante qu’elle peut changer le cours des choses, à commencer par nous-mêmes.

Sans entrer ici dans des considérations scientifiques – au demeurant passionnantes sur le fonctionnement de nos cerveaux – la pièce alerte petit et grand, qu’il importe de veiller à la qualité et à la nature de nos pensées. Ne pas y renoncer par peur du regard des autres, ne pas en changer tous les quatre matins, leur prêter du temps et de l’attention, y travailler, en jouer et y croire avec constance et intensité peut véritablement augmenter nos chances d’évoluer, d’influencer la réalité tangible de nos existences et favoriser la réussite de nos objectifs. En somme, de grandir et de bouger les lignes!

Man Gisèle finira par le comprendre et à se surpasser. Pour sa plus grande joie et… Celle du public, infiniment touché à la fin de la pièce – d’enfin – la rencontrer!

*****

La pièce, créée en plein 4ème confinement à la Martinique, est une formidable invitation à conjurer nos peurs (peur de l’autre et de l’inconnu) qui nous confortent dans nos individualismes et nos solitudes. Intervenant dans les écoles, j’ai ainsi rencontré nombre d’enfants qui se construisent ainsi, dans la défiance de l’autre, voire même le refus du contact physique.

Si la peur a une fonction utile de préservation, elle n’offre aucune autre perspective pertinente et il importe de redonner confiance aux enfants. Je crois qu’on peut tout leur dire et tout aborder en adoptant, bien sûr, la manière qui convient à leur maturité … « Tout »? Sauf peut-être injurier « l’avenir », me semble-t-il.

En voulant entrer en communication avec ce jeune public particulièrement exigent et cash, j’ai tenté de lui communiquer que la vie vaut la peine d’être prise à bras le corps, qu’il importe d’ouvrir la porte à tous les vents, de cultiver ensemble notre bien le plus précieux: le désir, la curiosité, l’envie, l’imagination et d’être en confiance!

PROCESSUS DE CRÉATION

& SCÉNOGRAPHIE

La pièce s’adresse à tous les âges à partir de 3 ans, offrant plusieurs niveaux de lecture. Les jeunes enfants étant très intuitifs pour décrypter l’expressivité d’un corps en mouvement, les non-dits et les expressions de visage, je me suis attaché à créer, pour eux prioritairement, une pièce essentiellement visuelle et gestuelle, sans sombrer dans l’infantilisme ou, pis, la séduction facile.

Peu de texte donc, la pièce n’étant émaillée que de quelques échappées expressives ou de quelques rares phrases simples en français ou en créole (lorsque, par exemple, Man Gisèle chantonne en faisant son ménage et nargue la personne qui vient de frapper à sa porte, lorsqu’elle improvise seule un jeu avec les lettres « I » et « D » ou lorsqu’elle rencontre le public, bouleversée et heureuse, après avoir enfin ouvert la porte de sa maison, point d’orgue de la pièce!)

Comme un artisan dans son atelier qui explore et malaxe la matière dont il dispose, je me suis aventuré après avoir simplement jeté à grands traits, à la table, le sujet de la création et initié une seule contrainte: celui de délimiter l’espace avec un cordon tendu entre quatre coins pour représenter les quatre murs de la maison de Man Gisèle et signifier, ainsi, son isolement.

« Man Gisèle » est donc une pièce minimaliste dans sa forme, particulièrement légère en décor et accessoires, qui a l’ambition de pouvoir être donnée à peu près partout (théâtre, salle de classe, préau, place de villages, médiathèque, ….), avec ou sans régie-lumière, avec ou sans fond de scène.

Comme un enfant, je ne voulais pas trop intellectualiser en amont le propos du spectacle mais plutôt rester en alerte, ouvert à toute éventualité, disposé à être étonné tout au long du processus de création. Le travail s’est alors développé, presque comme une évidence, en m’appuyant sur le corps de danseuse de mon interprète Laurence Couzinet-Letchimy ( danse classique et contemporaine) et de quelques objets très communs et ordinaires réinvestis en de multiples usages et – qu’en dépit du confinement et des magasins « non-essentiels » fermés – nous avions pu encore trouver (seau, balai, bouchons de bouteille, caisse en bois) .

Mon souci a été de revenir à l’essentiel du théâtre: jouer, créer l’illusion. D’un rien, il s’agissait – sans aucun subterfuge ni artifice scénique – de créer un monde, raconter une histoire, dessiner un personnage, faire sens, questionner, générer rires et émotions, révéler la quintessence de nos vies et favoriser notre aptitude à nous enchanter.